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Alphabet de la danse et de la sculpture: la galerie Mona Lisa fait salle comble!

La prestigieuse galerie Mona Lisa a fait salle comble le 24 mai 2022, lors du vernissage de l’exposition Alphabet de la danse et de la sculpture. Un nouveau regard sur l’art africain, conçue par le chercheur-chorégraphe Alphonse Tierou et organisée par l’association Dooplé Danse.

Le vernissage a été rythmé par une mini-conférence, ponctuée de respirations dansées, accompagnées d’un percussionniste professionnel. Le tout s’est conclu par un verre de l’amitié.

Danse Dooplé à la galerie Mona Lisa

À la galerie Mona Lisa, les élèves de l’école Dooplé Danse ont interprété avec brio des mouvements de danse faisant écho aux photographies exposées. Les corps dansants ont vibré avec la statuaire ; les danseurs d’aujourd’hui ont dialogué avec les danseurs d’hier et de demain.

Dans Dooplé à la galerie Mona Lisa

Ce fut le point d’orgue d’une semaine, du 23 au 28 mai 2022, durant laquelle la galerie d’art parisienne Mona Lisa a accueilli l’exposition Alphabet de la danse et de la sculpture. Ainsi, une quarantaine d’œuvres photographiques rendent manifeste le lien qui existe entre deux modes d’expression des arts d’Afrique, la danse et la sculpture.

Jusqu’à présent, le lien entre danse et sculpture n’avait pas, à notre connaissance, fait l’objet d’une étude approfondie. Alphonse Tierou a confronté les attitudes des sculptures avec les mouvements de base qu’il a définis pour la danse africaine. Le premier de ces mouvements, le dooplé, figure matricielle, donne son nom à la méthode et au style de danse qu’il a créés.

Cette exposition nous rappelle que les danses constituent une mémoire collective, voire une banque de données d’une richesse inestimable. Quant à la statuaire, en plus de sa fonction spirituelle, elle est le support d’un message pédagogique où l’esthétique a sa part en tant que source de plaisir des yeux et d’esprit critique. Autant de trésors qui nourrissent la pédagogie des cours et stages de danse, comme les créations chorégraphiques, proposées par Dooplé Danse.

C’est une exposition à géométrie variable. En effet, après avoir parcouru près d’une vingtaine de villes d’Europe et d’Afrique, elle s’enrichit à présent de nouveaux clichés.

L’un des ouvrages d’Alphonse Tierou sur la danse, Dooplé. Loi éternelle de la danse africaine, constitue le point de départ qui a conduit à la naissance de cette exposition photographique. Un autre de ses ouvrages, Alphabet de la danse africaine, en est un aboutissement.

Dépoussiérer notre vision de la danse sur la scène africaine

Quelle importance des danses traditionnelles et contemporaines sur la scène africaine ?

Création chorégraphique A. Tierou

Création chorégraphique Alphonse Tierou (photo: droits réservés)

La danse traditionnelle constitue une banque de données d’une richesse inestimable. Elle fait tomber les barrières et les tabous. Elle fabrique le groupe, se nourrit de lui et l’entretient. Entrer dans la danse, c’est entrer dans le groupe, synonyme de partage, de convivialité. Elle a donc une fonction d’intégration sociale.

La danse traditionnelle permet aussi de dire l’indicible. Souvenez-vous du célèbre footballeur, le camerounais Roger Milla, à la coupe du Monde de foot en 1990, qui se mit à danser après avoir mis un but. Ou de Nelson Mandela suite à son élection à la présidence de la République d’Afrique du Sud en 1994.

La création chorégraphique interpelle, remet en cause…

Aujourd’hui, il est question de danse contemporaine dans les capitales africaines. Pour des raisons complexes, je préfère parler de création chorégraphique innovante, une nouvelle approche qui privilégie l’imagination et l’invention. Cela dit, l’indépendance politique est une chose, l’indépendance économique en est une autre. À ce titre, danses ancestrales et création chorégraphique diffèrent. Les premières sont dépensières, elles ne créent presque pas de richesse. Leur apprentissage se fait par immersion. En revanche, la création et la production d’un spectacle chorégraphique, au-delà de la dimension artistique, nécessitent une formation rigoureuse, créent des emplois et peuvent être avantageuses en termes d’images.

La création chorégraphique interpelle, remet en cause, privilégie le questionnement, forge l’esprit critique. Par ses règles de composition et les sujets qu’elle traite, elle nous enseigne, entre autres, qu’en société, il n’y a pas de liberté sans contrainte. La création chorégraphique est donc une contribution à la formation du citoyen et de la citoyenne au sein de nos jeunes démocraties.

La danse traditionnelle, c’est la sensibilité, l’histoire et la mémoire des peuples d’Afrique

Pour conclure, soulignons que la danse traditionnelle, c’est à la fois la sensibilité, l’histoire et la mémoire des peuples d’Afrique. Elle doit faire l’objet d’une protection attentive parce que sans mémoire, il n’y a pas de civilisation. Quant à la création chorégraphique africaine innovante, qualifiée de danse contemporaine, elle est incontournable pour les sociétés africaines de demain. Pour jouer pleinement son rôle, elle doit s’épanouir en plongeant ses racines dans la terre nourricière, tout en s’ouvrant aux valeurs des autres civilisations afin de participer à l’Universel.

Alphonse TIEROU
Chercheur, Chorégraphe, Écrivain
Directeur du Centre de Ressources, de Pédagogie et de Recherche pour la Création africaine

 

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